Rodrigues, la réserve François Leguat

Ouverte en été 2007, la réserve François Leguat connaît une popularité grandissante aussi bien auprès de la population locale que des touristes venus du monde entier. Son objectif principal est de recréer l’écosystème d’il y a 3000 ans de l’île Rodrigues sur un bout de terrain et de montrer du doigt les conséquences désastreuses de la colonisation sur l’environnement et la nature de l’île.

La réintroduction des tortues

Parmi les choses à découvrir à Rodrigues, la réserve François Leguat constitue actuellement l’une des excursions les plus intéressantes. Un riche mécène Mauricien, Owen Grifftih, propriétaire du parc naturel La Vanille à l’île Maurice, a financé, sur un terrain lui appartenant, une ferme de réintroduction des tortues terrestres géantes : « La réserve François Leguat ».

Les tortues se reproduisent et se développent dans un espace très protégé géré par une équipe compétente. On y voit des tortues de toutes tailles évoluer en liberté – plus de mille – en augmentation régulière d’environ 200 par an, avec des spécimens atteignant déjà les 90 ans. Elles ont été réintroduites il y a 5 ans en provenance d’Aldabra aux Seychelles. On sait que ces tortues peuplaient l’île Rodrigues aux 17 et 18e siècles avant d’avoir été décimées par les navigateurs qui les capturaient pour se constituer des réserves de viande fraîche pour leurs très longs périples.

Les plus gros spécimens âgés de 200 à 300 ans atteignaient plusieurs centaines de kilos. On dénombrait à l’époque plus de 300 000 tortues. Un musée moderne et très pédagogique raconte l’histoire des espèces disparues de Rodrigues.

Un site d’une beauté exceptionnelle

La réserve des tortues

Un « sentier » a été aménagé et permet de découvrir un véritable monde souterrain en passant de grottes en grottes. Des éclairages mettent en valeur stalactites et stalagmites et le grand jeu consiste à baptiser les formes géologiques. Sous l’impulsion d’un guide qui prend manifestement plaisir à partager ses connaissances, tout le monde s’y met dans une ambiance très conviviale.

A signaler également, un enclos destiné à la préservation de la Grande Roussette de Rodrigues, chauve-souris endémique qui a frôlé l’extinction au début des années 70 et qui est désormais hors de danger avec une population qui dépasse les 8 000 individus. Ce projet de réintroduction d’une des espèces les plus emblématiques de Rodrigues, la tortue terrestre, est une initiative extrêmement positive. A l’issue de la visite, vous serez invités à soutenir financièrement l’association ; vous pouvez devenir parrain d’une tortue (elles portent toutes un numéro).

On admirera aussi la colonie de Pailles-en-Queues qui y vit. Ces élégants oiseaux de mer nichent dans les falaises enserrant « le canyon » et l’on assiste, tous les jours vers 11h30, au ballet des oiseaux retournant de la haute mer où ils étaient partis se nourrir quelques heures plus tôt.

Un peu d’histoire

La réserve tient son nom de François Leguat, un français arrivé à Rodrigues en compagnie de 8 autres compagnons à la fin du 17ème siècle. Louis XIV révoque ledit de Nantes et les persécutions contre les protestants reprennent. Leguat quitte la France et se réfugie en Hollande. Un projet de peuplement des Mascareignes par les Hollandais conduit alors François Leguat et ses compagnons à s’embarquer pour un incroyable voyage qui les conduira sur cette île perdue où ils seront abandonnés pendant 6 ans.

Ils y vivront avant de la quitter pour échouer enfin à l’île Maurice. De cette aventure, Leguat tirera un récit dans lequel il décrira une île Rodrigues couverte d’une épaisse forêt primaire parcourue de cascades d’eau douce et peuplée d’animaux étranges comme le solitaire, un cousin du fameux Dodo de l’île Maurice. Quantité d’espèces aujourd’hui malheureusement éteintes se côtoyaient alors à Rodrigues : perroquets, lézards géants, tortues… Les eaux étaient peuplées de lamantins… un éden !

Si le sujet vous intéresse, lire « Voyages et aventures de François Leguat et des ses compagnons en deux îles désertes des Indes orientales » par Jean-Michel RACAULT et Paolo CARILE. Éditeur : Les Éditions de Paris. ISBN 2-905291-34-6

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